mercredi 29 février 2012

dimanche 26 février 2012

Histoire

Nous travaillons 4 fois par semaine avec 25 jeunes filles du foyer Naunihal. Lors de notre premier rendez-vous avec elles, nous les avons réparties en 6 groupes et nous avons demandé à chaque groupe d'inventer une partie de l'histoire d'une jeune fille (imaginaire) de 12 ans.

1. Description de sa vie au village avec ses parents
2. Fuite
3. Comment fait-t-elle pour s'en sortir?
4. Il lui arrive quelque chose de grave
5. Comment arrive-t-elle à Naunihal
6. La vie après Naunihal

Voici l'histoire qu'elle ont créé et qui servira de trame du spectacle:

1. Dolly, 12 ans.
Vit dans un village avec son frère  Raju (gentil) et ses parents. Son père est fermier et sa mère est femme au foyer.
Les parents de Dolly la font travailler sans relâche.
Elle aimerait étudier, mais ses parents ne lui laissent pas de répits. Elle n’a pas d’ami car elle n’a pas le temps.
Elle doit travailler tout le temps.
Ses parents lui font beaucoup de chantage (violences, privations...).

2. Un jour, elle n’en peut plus et décide de quitter le village en courant.
Elle prend un train, sans ticket, et se cache avec les bagages.
Elle descend à la première station.
C’est Mumbai.

3. Elle reste un moment dans la gare, et quand la faim la prend, elle va de porte en porte chercher de l’aide mais personne ne la prend au sérieux. Elle mendie.
Elle est triste.
Elle dort sur les bancs publics, sous les arrêts de bus et dans les gares.
Elle rencontre une dame qui l’amène chez elle et qui la fait travailler chez elle comme servante.
Scénario A:
Une amie de la dame lui pose des questions sur cette jeune fille qui vit chez elle. Elle lui dit que c'est inadmissible et amène Dolly à la police.
Scénario B:
Elle fait du théâtre de rue: danse, musique, cirque, chant, clown.

4. Elle fait confiance à une personne mais cette personne abuse d’elle.
Elle subit les violence psychologiques et physiques de cet homme.
Beaucoup de gens jouent avec ses émotions et lui font du mal.
Elle n’a pas de nourriture, pas d’habit, pas de toit.
Elle subit beaucoup de chantage.
Exemple: on lui demande de voler et on la menace de lui couper les mains et les jambes si elle n’obéit pas.

5. Elle rencontre une assistante sociale à qui elle raconte son histoire.
L’assistante sociale comprend ses problèmes et l’amène à Naunihal, une institution qui s’occuppe des jeunes fille en détresse.
L’organisation comprend tous les problèmes physiques et psychologique qu’elle a vécu.
Il y a plein d’autres filles.
Ici elle pourra aller à l’école.
Elle sera en sécurité.

6. Après Naunihal, la vie est très différente.
Elle finit ses études. Elle est responsable.
A 18 ans, elle part de Naunihal et elle habite chez une amie qu’elle a connue à l’école.
Cette amie l’aide à trouver du travail dans un grand supermarché.
Elle gagne 4'000 roupies par mois, met 3'000 roupies de côté sur un compte en banque, et n’utilise que 1'000 roupies pour ses dépenses personnelles.
Elle est tellement sérieuse au travail que petit à petit ses patrons augmentent son salaire jusqu’à 10'000 roupies.
Son amie lui offre 5'000 roupies.
Elle se paye l’inscription dans une grande école de danse.
Elle devient une très bonne danseuse.
Elle rencontre un homme dont elle tombe amoureuse, un danseur à qui elle raconte les problèmes qu'elle a eu depuis l'enfance. Ils se marient.
Ensemble, ils achètent une maison et montent leur propre école de danse.


Il y a quelques incohérences évidemment, ainsi que deux scénarios possibles mais la trame est là et nous respectons le plus possible les idées des élèves.

jeudi 23 février 2012

Projet

Naunihal
Nous voici depuis deux semaines dans la banlieue de Mumbai, à Kharghar, et plus précisément à Naunihal, un foyer construit par l'association Asskam (http://asskam.org) pour offrir un meilleur avenir aux enfants de prostituées, enfants des rues et orphelins.
Naunihal accueille actuellement 26 jeunes filles de 7 à 18 ans.

Nous avions imaginé plusieurs projets avec ces jeunes filles:
1. Un spectacle drôle, innocent, farfelu, sur le thème du rêve, de leurs rêves.
2. Reprendre l'histoire des rag pickers que nous avons créé à Kolkata.
3. Créer un spectacle qui parle de leur parcours.
Ce troisième projet était le plus ambitieux, le plus délicat et le plus difficile à réaliser.

Priti Patkar est co-fondatrice de l'association Prerana à Mumbai. Elle se bat depuis plus de 20 ans pour offrir soins, éducation et respect de soi aux enfants des prostitués de Kamathipura (quartier chaud de Mumbai). C'est elle principalement qui gère le foyer Naunihal, et c'est donc avec elle que nous avons discuté du projet qui serait le plus approprié pour les filles.

Priti Patkar
Pour elle, il était évident que le troisième projet était celui qu'il fallait faire. Nous avons été étonnés par sa réaction, mais l'absence d'hésitation de sa part nous a donné confiance, et nous avons donc décidé de nous lancer dans ce projet...

mardi 21 février 2012

Arrivée à Navi Mumbai





Nouveau décor...

mardi 14 février 2012

Sponsoring Kolkata

Si vous le désirez, il existe un moyen de changer la vie d'une de nos élèves qui, comme vous avez pu le voir, vivent dans des conditions extrèmement difficiles. En donnant environ CHF 70.- (env. 60 euros) par mois à l'association Tiljala Shed (l'association avec laquelle nous collaborons depuis 7 ans via l'association Artjuna), il est possible d’offrir la scolarité à une fille vivant dans un des bidonvilles du quartier de Tiljala. Cette somme couvre le matériel d’école, l’inscription, le repas à midi, les sorties, etc. En offrant la scolarité à une de ces petites filles, on leur permet de trouver un travail qui leur permettra de changer leur niveau de vie radicalement, et surtout d’offrir la chance à leurs futurs enfants d’aller à l’école. On offre donc l’école non seulement à une fille, mais à toute une future génération.
Les parents de Tamaé sponsorisent deux jumelles (que nous avons dans le groupe des moyens) depuis qu’elles ont 5 ans, et nous sponsorisons leur petite soeur (groupe des petits) depuis l’année dernière. Si vous êtes intéressés, vous pouvez nous contacter (contact@tamiero.com) ou contacter notre ami Shafkat Alam (Pappu) (shafkatstar@yahoo.co.in). De plus amples informations sont aussi disponibles sur leur site internet ici (http://tished.org/sponsorship-programme-for-destitude-girls).
Nous pouvons garantir que la somme qui est versée est utilisée à bon escient. Elle n'est jamais reversée aux familles directement. Tiljala Shed s'occupe elle-même de payer les frais de scolarité.
Toutes les filles du groupe des moyens avec qui nous avons monté le spectacle (cf les photos de l'article UMANG 2012 sur ce blog) sont des filles bénéficiant de ce programme.

samedi 11 février 2012

Interview

Le 20 Janvier 2012, nous avions organisé un interview de trois enfants rag pickers avec Aftab (responsable du projet rag pickers de Tiljala Shed), qui les avait fait venir à la bibliothèque et nous avait traduit.

 
- Comment t’appelles-tu?

- Saidul.
- Quel âge as-tu?
- 10 ans.
- Quelle langue parles-tu?
- Bengali surtout et un peu d’hindi.
- Tu as des frères et soeurs?
- 4 soeurs et 3 frères. J’ai un frère jumeau.
- Ils habitent tous avec toi?
- Une soeur habite avec nous, les trois autres habitent au village, le frère aîné est aussi au village.
- Quel âge a ton frère aîné?
- 19 ans.
- Que fait-il?
- Il est ouvrier.
- Et tes trois soeurs qui sont au village?
- Elles sont mariées. (répond la mère)
- Ton grand frère?
- 12 ans.
- La dernière soeur qui vit avec vous?
- 13 ans.
- Où est ta maison?
- A Parc Circus, à côté des rails du train.
- Quand êtes-vous arrivés du village?
- Quand nous étions très jeunes, avec nos parents (répond la mère). Maintenant ils sont morts. Maintenant, j’ai 40-42 ans. Mes enfants sont nés ici.
- Comment est ta maison?
- Faite de plastique et de bambou.
- Qui l’a construite?
- Nous avons engagé quelqu’un pour le faire. Mais l’année dernière, elle s’est effondrée et nous avons dû la reconstruire.
- Combien y a-t-il de pièces dans votre maison?
- Une.
- Avez-vous une arrivée d’eau chez vous?
- Non. Nous devons aller la chercher.
- Où allez-vous la chercher?
- L’eau potable, nous allons la chercher à la citerne mise en place par les autorités.
- C’est loin?
- Non, non, à 10 mn à pied.
- Qui va la chercher?

- Nous. Parfois moi, parfois les enfants. (répond la mère)
- Et pour se doucher? Faire la lessive?
- Il y a un étang pas très loin. Pour cuisiner, nous utilisons l’eau de la citerne.
- Qui fait à manger?
- Moi, (répond la Maman), mais si je suis retardée quelque part, le grand frère s’en occupe.
- Et pour la lessive, il vous aide aussi?
- Non, la lessive, je la fais seule.
- Que fais ton papa?
- Il porte des choses dans un cycle rickshaw (sorte de charrette).
- Et ta maman?
- Elle fait aussi le ménage et la lessive chez les gens qui habitent dans les grands buildings juste à côté. 
- (à la Maman) Combien gagnez-vous?
- 1000 roupies par mois (15 euros).
- Vous travaillez tous les jours?
- Oui, de 7h30 à 12h30, puis de 15h à 17h.
- Votre mari travaille dans les déchets?
- Non, il ne fait que les transporter.
A ce moment, Aftab nous informe que le père est alcoolique il qu’il dépense tout l’argent qu’il gagne et celui de la famille. Il n’y a pas longtemps, il s’est enfermé dans sa maison et refusait d’ouvrir à sa famille car il voulait dormir tranquille. Nous demandons à Aftab s’ils sont d’accord d’en parler. Ils ne veulent pas aller voir la police? Demande-t-on. Non, s’il vont à la police, le mari quittera sa femme, ce qui sera pire que tout (ils se retrouveront à la rue et rejetés par tous)
Aftab nous dit que le père aura une bonne leçon quand son fils grandira.
Il demande au garçon ce qu’il pense de son père.
- Il est pourri.
- Il boit trop, dit la mère.
 
 
 Changeons de sujet…

- Tu travailles? (trier les déchets)
- Oui, à 6h du matin. Avec mes deux frères.
- Tu manges, avant de partir?
- Non. Quand je reviens seulement, vers 8-9h, et après je vais à l’école.
Aftab nous dit qu’il ne va pas tous les jours à l’école. C’est une “government school” (école gratuite, et donc déplorable).
- A quelle heure tu reviens de l’école?
- 14h, 14h30… Aujourd’hui, je n’y suis pas allé car je ne voulais pas rater cet interview. (il est 14h30)
- Que fais-tu l’après-midi?
- Je viens ici, à la bibliothèque (Gyan Azan Library)
(arrive son frère jumeau, Maidul)
- Que fais-tu l’après-midi ici?
- On étudie?
- Qu’est-ce que vous étudiez?
- Le bengali.
- Tu sais écrire?
- Oui.

- Et l’anglais?
- Oui oui. (Aftab lui demande ce que veut dire “cat”, il ne sait pas. Mais il sait l’épeler: C-A-T. Il sait dire "dog", mais ne connaît pas “monkey”, “elephant”, “goat”…)
- Sais-tu comment on dit “comment tu t’appelles” en anglais?
- non
Nous lui faisons répéter. L’anglais est essentiel en Inde pour de nombreux métiers
- Que fais-tu après?
- A 18h, je rentre à la maison, et j’étudie encore 1h. Je mange, et je me couche vers 20h
- Et l’après-midi, tu ne manges pas?
- Si si, ici, à la bibliothèque.
- Quand il pleut, il pleut dans la maison?
- Oui, ça coule un peu.
- Tu dors bien la nuit?
- Oui
- Tu as froid?
- Non, on a une couverture.
- Comment fais-tu quand tu es malade?
(Aftab:  Il y a un docteur qui prend 60-70 roupies la consultation mais qui n’est pas qualifié. Ils vont aussi voir parfois le docteur de Tiljala Shed)
Tu as des médicaments à la maison?
- Non
- Tu as mal quelque part maintenant?
- Non. Ah si, j’ai mal à la main, je suis tombé hier. Nous regardons sa main, elle est enflée comme une balle de tennis.
- Aimes-tu venir ici?
- Oui.
- Qu’est-ce que tu préfères?
- Tout
- De quoi as-tu peur?
- Des fantômes. Et du train aussi.
- Pourquoi?
- Parce qu’il te coupe.
- Tu connais quelqu’un qui s’est fait couper?
- Plein de gens. Des voisins, un homme saoul, des enfants… La maman de Halima ici présente, et que l’on interviewera juste après, nous dit que sa soeur a perdu sa jambe.
- Quel est ton repas préféré?
- La viande.
- Tu en manges souvent?
- Une fois par semaine.
- Si tu pouvais changer une chose dans ta vie, qu’est-ce que tu changerais?
Aftab a beaucoup de mal à leur faire comprendre le sens de la question
- Nous aimerions vivre ailleurs.
- Quel est le moment que tu préfères dans ta journée?
- Étudier
Aftab leur demande s’ils aiment jouer, ils disent qu’ils préfèrent étudier… (Tout le monde rit) Ils jouent tout le temps! Dis Aftab.
- As-tu aimé répondre à nos questions?
- Oui, pas de problème.
 Aftab nous informe qu’ils ont économisé chacun 500 et 700 roupies grâce au soutien de Tiljala Shed.
Nous leur offrons à manger et des jus de fruits. L’atmosphère se détend. Les Mamans commencent à sourire.
Nous interviewons ensuite Halima 5 ans et demi, une de nos élèves. Elle a 4 grand frères. La mère a du mal a dire précisément leurs âges, mais sait qu’ils sont séparés de 2 ans à chaque fois. Une chambre pour tous. La Maman est née ici. Elle est rag picker. Ne travaille pas à heures fixes. Quand elle travaille, Halima reste à la maison. Son mari est conducteur de rickshaw. Son fils aîné est aussi rag picker. Les trois frères et Halima vont à l’école. Halima parle très peu (nous l’avions déjà remarqué durant nos cours). Elle ne mange que très peu. Elle n’aime que la nourriture de la rue, mais pas ce que lui prépare sa mère. Par contre, elle aime jouer à la dînette. Quand on lui demande de quoi elle a peur, elle dit qu’elle n’a peur de rien, puis elle éclate en sanglots dans les bras de Tamaé. Elle s’accroche à elle et ne la lâchera pas pendant 30mn.
 
 

Interview de Rohima, une de nos élèves, 10 ans. Trois frères (16ans, 8 ans, 7 ans). Ils habitent tous ensemble. Sa maman va trier les déchets mais refuse que Rohima fasse la même chose. (Bien que nous ayons vu Rohima plusieurs fois dans la décharge). Rohima va chercher de l’eau tous les jours. Quand on lui demande si elle aime venir à la bibliothèque, sa mère nous dit qu’elle n’arrête pas de danser et de parler de ce qu’elle apprend avec nous. Elle a aussi peur du train. Son repas préféré est le "sweet chowmein". Plus tard, elle aimerait être une maîtresse.  

 
 
 
 
 Les enfants nous ont ensuite fait visiter leurs maisons. Nous avons croisé nombre de nos élèves. Qu'il soient rag pickers ou non, il vivent plus ou moins tous dans des habitations semblables.
Chez Rohima

Le foyer
Pour faire le feu



Chez Saidul et Maidul

Sur le lit
Chez Tanzila, en passant...
Chez Halima
 

jeudi 9 février 2012

Au revoir

Deux jours après le spectacle, nous avons fait un petit goûter.


Avec les bénévoles qui nous ont aidé à changer les enfants le jour du spectacle
Nous avons offert un goûter et avons reçu plein de petits cadeaux (des cartes, des fleurs, des stylos, des dessins...)
Intervention improvisée de Marie
Soyal, Abir Hussein, Jiarul
Juman
Gulnaz et Ranuma
Amina
Muskan
Halima et Amiruddin
Sk Saddam et Atikul